Dans les années 80, Ferrari enregistre des ventes
records : ce boom, inédit dans l'histoire de Maranello, est le
résultat de la mise au point de modèles prestigieux, d'une
économie internationale florissante, d'un optimisme généralisé
et du charme qu'exerce de par le monde le nom d'Enzo Ferrari, constructeur
des voitures de sport les plus célèbres de la planète.
On peut se demander si Enzo Ferrari a jamais imaginé
que son petit atelier de Maranello serait un jour en mesure de
fabriquer 4000 voitures de série par an : en effet, en 1947,
date de la fondation officielle, rien ne laissait présager un
tel développement. Cette année-là, trois voitures
seulement sont fabriquées à Maranello. En 1951, l'atelier
produit trente-trois exemplaires, tandis qu'en 1956, le nombre grimpe
à 81. En 1965, la production passe à 740, puis à
1000 en 1971, à 2000 en 1979, à 3000 en 1985, pour enfin
culminer à 4000 en 1988.
Cette croissance remarquable est en fait le reflet de l'évolution
de la société occidentale : les années 80 connaissent
un boom économique international, se traduisant par une formidable
relance de la consommation (notamment celle des produits de luxe). En
moins d'une décennie, la production annuelle de Ferrari
augmente de 2000 exemplaires (soit une croissance de 100 %), alors qu'il
aura fallu trente ans à Maranello pour atteindre 2000 voitures
annuelles (1950-1980).
Les voitures fabriquées à Maranello dans la seconde moitié
des années 80 sont réservées plus de deux ans à
l'avance. On notera également qu'à la même époque,
les modèles d'occasion s'échangent à des prix supérieurs
à ceux pratiqués lors de leur première commercialisation.
La F40, par exemple, atteint des cotes d' œuvre d'art : certains
exemplaires sont vendus plusieurs fois le prix de vente officiel,
lors de la mise sur le marché. La demande est si forte que les
prix flambent, certains amateurs étant prêts à débourser
des sommes vertigineuses pour posséder une voiture frappée
du cheval cabré de ces années-là.
La prospérité des années 80 fait oublier à
Maranello les moments difficiles de son aventure industrielle : Ferrari
a, en effet, connu de graves crises économiques en 1969, en 1974-1976,
puis en 1982-1983. Ces crises auraient difficilement été
surmontées sans le soutien financier de Fiat qui, alors que la
marque se trouvait dans des passes difficiles, connaissait pour sa part
des périodes économiques exceptionnellement florissantes.
Les modèles qui font la fortune de Ferrari dans les années
80 sont conçus dans une optique très particulière
: Maranello cherche avant tout à en améliorer le confort,
la fiabilité et la facilité de conduite et imagine des
voitures d'utilisation quotidienne. L'objectif de Maranello est alors
de fabriquer des voitures de prestige dotées de prestations exceptionnelles,
mais également confortables, faciles à conduire et agréables
à utiliser.
On notera cependant que la production Ferrari de la seconde moitié
des années 80 s'appuie sur un nombre réduit de modèles.
La Testarossa, présentée en 1984, est une grosse cylindrée,
de dimensions imposantes et de prix élevé. Sa production
sera importante: 568 exemplaires en 1985 et 819 en 1986. Le modèle
connaîtra une très longue carrière et les techniciens
de Maranello s'en inspireront étroitement pour concevoir la F
512 M de 1994.
La 412 est une voiture qui n'a pas véritablement contribué
à la réputation de Maranello, célèbre pour
ses voitures sportives de prestige, dotées de prestations exceptionnelles
et... d'une carrosserie rouge. Elle a toutefois permis d'asseoir son
pouvoir économique: il en sera, en effet fabriqué 250
exemplaires par an. La GTB/GTS Turbo, commercialisée en 1986,
est une évolution de la grande famille de 208/308, voitures de
série parmis les plus célèbres de Ferrari. On citera
également la 328 GTB/GTS, modèle sportif de très
haut niveau fabriqué en un nombre important d'exemplaires (1467
pour la seule année 1986). Toujours équipée d'ur
moteur 8 cylindres en V, la Mondial version 3.2 a également été
fabriquée au cours de cette florissante décennie (1985-1989).
La F40 de 1987 est sans doute l'exemple le plus caractéristique
de cette période dorée. Fabriquée en seulement
1000 exemplaires, elle a cependant déchaîné
la passion des amateurs de bolides frappés du petit cheval. La
F40 est sans doute le symbole le plus éclatant de la frénésie
économique des années 80. Après le boom des années
80, Maranello connaît une inévitable période
d'accalmie, aggravée par la crise économique internationale
qui fait suite à la guerre du Golfe. Aujourd'hui, les choses
se sont stabilisées et Ferrari connaît un rythme productif
plus naturel s'élevant à plus de 4000 voitures par an.
Ce volume permet d'assurer à l'entreprise une certaine stabilité
économique, tout en lui conservant son image de "producteur
de luxe, de rêve et de mythe". Maranello prévoit de
fabriquer le même nombre de voitures dans les prochaines années,
nombre que les spécialistes jugent idéal. Enzo Ferrari
a assisté avec plaisir au boom économique de Maranello,
mais toute son attention tendait alors vers la Formule 1 et les compétitions
: depuis plusieurs années, il avait, en effet, délégué
à Fiat la gestion de la production de série. Bien qu'âgé,
le Commendatore ne se désintéressa jamais de ses chères
créatures et son grand intérêt pour la Formule 1
l'a prouvé jusqu'au dernier jour de sa vie.
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(Epilogue)