Entre 1919 et 1931, Enzo Ferrari mène une carrière
de coureur automobile. Il obtient de bons résultats qui font
de lui un pilote de confiance, régulier et réputé.
Au volant d'une Alfa Romeo, il va connaître deux époques
de la course automobile, celle que dominent Ascari et Campari et celle
où s'illustrent Nuvolari et Varzi.
« Ah ces pilotes ! Calculateurs, cyniques, exaltés
ou simplement humains ? Ne cherchent-ils pas dans les frémissements
de la victoire le sens de leur vie ?» Ainsi parle Enzo Ferrari
qui, avant de devenir l'Ingegnere, puis le Commendatore bien connu des
amateurs de Formule 1 et de voitures de sport, fut aussi pilote de course.
Sa carrière commence en 1919 avec le constructeur milanais CMN
lors de la course Parme-Poggio di Berceto, où le jeune homme,
alors âgé de 21 ans, se classe onzième. C'est le
début d'une longue aventure. «C'est en 1919 que j'ai plongé
dans cet univers brillant et fascinant, gouverné par des règles
strictes mais chevaleresques...», écrira plus tard Enzo
Ferrari dans ses mémoires intitulés Piloti che gente !
« J'avais bien peu d'argent en poche et encore moins dans une
quelconque banque, mais j'étais animé d'une grande volonté
et d'un extraordinaire désir de réussite », ajoutera
le Commendatore.
Ferrari participe à la Targa Florio de 1919 : il ne se place
que neuvième en raison de son inexpérience et de nombreux
incidents techniques, mais le jeune homme considère ce classement
comme «un petit succès». L'année suivante,
il pilote une Isotta Fraschini 4500 Grand Prix 1914, avant d'adopter
une Alfa Romeo. Au volant d'une 20/40 bibloc, il se place deuxième
à la Targa Florio. De 1921 à 1924, Ferrari va courir avec
des Alfa Romeo. C'est l'époque de Giuseppe Campari, de Gastone
Brilli-Peri et d'Antonio Ascari. Il se place à la troisième
place de la Parme-Poggio di Berceto de 1921 et la même année,
il est vainqueur à la Coppa delle Alpi. Il est de nouveau victorieux
sur le circuit de Ravenne de 1923 et de 1924. En 1924, Ferrari obtient
la plus belle victoire de sa carrière, celle remportée
à la Coupe Acerbo de Pescara, au volant d'une Alfa Romeo
RL. Ce succès le porte sur le devant de la scène car il
est parvenu à battre les puissantes Mercedes. C'est à
cette occasion qu'il reçoit le titre de Cavaliere.
Un an auparavant, Ferrari a fait une rencontre importante pour sa carrière:
au circuit du Savio, il a été présenté aux
Baracca, vieille famille de la noblesse italienne, dont le fils
Francesco a été l'as des as de l'aviation italienne.
La comtesse Paolina lui a offert le "cheval cabré"
(il cavallino rampante) qui frappait autrefois le fuselage de l'avion
de son fils, abattu au-dessus du Montello.
Enzo Ferrari se défini ainsi: «Je n'étais pas un
mauvais pilote mais, même en persévérant, je ne
serais sans doute jamais devenu un grand coureur automobile. J'avais
déjà des doutes quant à mes capacités et
mon principal handicap était que, dès cette l'époque,
je respectais trop les voitures...»
Après une interruption entre 1924 et 1927, Ferrari reprend la
course automobile. Ses résultats sont moins prestigieux, car
il se mesure désormais à des champions du nom de Nuvolari
et de Varzi. Mais il parvient parfois à les battre. Sa plus belle
course est peut-être l'une de ses dernières: le circuit
des Trois Provinces de 1931, compétition où il se place
deuxième, après un duel passionnant contre le champion
de l'époque, Nuvolari. Le "fou volant" de Mantoue déclare
à la fin de la course: «Pour vous battre, j'ai dû
batailler comme jamais ! » Voilà sans doute le plus beau
compliment qu'ait jamais reçu Ferrari au cours de sa carrière
de pilote.
En 1929, l'écurie Ferrari est créée et pour l'Ingegnere,
c'est le début d'une nouvelle vie. Il décide alors d'abandonner
le pilotage, décision difficile, mais irrévocable. Cinquante
ans plus tard, Ferrari déclarait: «Je pris la décision
de ne plus courir en janvier 1932, à la naissance de mon fils
Dino.»
Ferrari tint sa promesse; une qualité qui le caractérisera
tout au long de sa vie.
Suite (Naissance
de la Scuderia Ferrari)