Au début des années 60, le fondateur de
la firme de Maranello publie le premier d'une longue série d'ouvrages.
Rien qu'en Italie, il en signera huit, de Le mie gioie terribili à
Piloti, che gente... jusqu'à un livre recensant les caractéristiques
techniques de tous ses moteurs.Très peu de livres d'Enzo Ferrari
ont été traduits en français. Le plus connu, et
le plus facile à trouver en collection de poche, est le plus
ancien: Mes joies terribles.
Il peut sembler étrange qu'un homme aussi éminemment
pratique qu'Enzo Ferrari ait publié huit livres au cours
de sa vie, dont certains sont des ouvrages de référence
sur l'histoire du sport automobile. Mais il faut savoir que, dès
son enfance, Enzo Ferrari a toujours nourri un amour profond pour l'écriture.
Le journalisme a été l'une de ses grandes passions de
jeunesse avec l'art lyrique et les moteurs. Le compte-rendu d'un match
de football que le jeune Enzo Ferrari rédigea en 1914 pour la
Gazzetta dello Sport est resté célèbre parmi les
amateurs de chroniques sportives du monde entier. Ce match, qui opposait
l'internazionaie (le célèbre Inter) à Modène
s'acheva sur un score de 7 buts à 1 pour l'équipe milanaise.
L'article de Ferrari est sec, incisif, truffé de mots étrangers
(mêlée, penalty, corner, forwards) comme le veut la
mode de l'époque.
Quarante-huit ans séparent ses débuts dans le monde du
journalisme de la publication de son premier livre : presque
une vie entière durant laquelle Enzo Ferrari fonda et fit grandir
une usine d'automobiles et une des principales écuries de
course du monde. Après avoir donné naissance à
sa firme, le maître de Maranello avait enfin le loisir de se consacrer
plus régulièrement à l'écriture. En 1962,
il publie Le mie gioie terribili (Mes terribles joies) suivi en 1964
de Le mie gioie terribii, due anni dopa (Mes terribles joies, deux
ans plus tard).
Dès ses débuts, Ferrari fait preuve d'un art de l'allusion
redoutable qui lui permet d'attaquer l'adversaire sans en avoir l'air.
Avec Il Folbert, Ferrari s'en prend violemment aux journalistes. On
est en 1976 et il a désormais appris à bien les connaître.
Cet ouvrage laissera une trace profonde dans le monde varié et
susceptible du journalisme sportif...
Piloti, che gente... (Les pilotes, quels personnages !) paraît
en 1983. C'est l'un des ouvrages les plus importants d'Enzo Ferrari.
Avec l'ironie et l'originalité qui le caractérisent depuis
toujours, Ferrari trace le portrait de tous les pilotes qu'il a rencontrés
au cours de sa vie, une série unique d'instantanés allant
de Giuseppe Campari à Gilles Villeneuve en passant par ces pilotes
qui n'ont jamais été champions mais qui ont contribué
au succès de l'équipe et auxquels Ferrari consacre quelques
lignes. Quelques lignes qui parviennent à résumer une
vie entière. Comment oublier ce que Ferrari écrit au sujet
de Carlos Reutemann, qu'il décrit comme « un tourmenteur
tourmenté » ? Jamais aucun journaliste n'a fait mieux.
Sans doute parce qu'aucun journaliste ou écrivain n'a eu l'occasion
de fréquenter d'aussi près autant de pilotes et de personnalités
du monde des courses. Quoi qu'il en soit, le début des années
60, qui coïncide avec la fin des difficultés rencontrées
à la fin des années 50, marque la période la plus
faste pour le Ferrari auteur. Il lit de plus en plus; les œuvres
de Stendhal, Ojetti, Leopardi, D'Annunzio, Kafka et même
d'Einstein garnissent sa bibliothèque. Que dire de son jugement
lapidaire au sujet de John Surtees? « Je sais ce que je perds,
je ne sais pas ce que je perdrais si je confirmais son engagement ».
Les exemples ne manquent pas qui témoignent du talen littéraire
de Ferrari. Voici, par exemple, comment il décri Arnoux: «
Arrivé à Maranello avec une réputation, assez peu
flatteuse, d'animal de vitesse... ».
Mais le Ferrari auteur sera appelé, dans les années 60,
à mener l'un des plus durs combats qui ont émaillé
la vie de la firme : la bataille pour s'imposer face à Ford dans
la course d'endurance la plus prestigieuse, les 24 Heures du Mans. Une
énième version du combat de David contre Goliath...
Suite
(La bataille du Mans)