Enzo Ferrari serait né à Modène,
en 1898, mais la date n'est pas certaine. La passion qu'Enzo Ferrari
nourrit pour l'automobile est constante depuis l'adolescence. Il travaille
à Milan à la CMN et devient pilote. Il court dans les
années où dominent Ascari père, Nazzaro et Campari.
« Mon adolescence a été dominée
par trois passions, trois grands rêves: être ténor
d'opéra, journaliste sportif et coureur automobile. Le premier
de ces rêves a échoué par manque de voix et d'oreille,
le deuxième s'est réalisé mais de façon
sporadique, le troisième a connu une évolution particulière.
»
Les premiers désirs d'Enzo Ferrari sont ceux d'un enfant heureux.
Il est officiellement né à Modène, sous la neige,
le 18 février 1898. La neige était d'ailleurs si abondante
que ses parents durent attendre deux jours pour aller déclarer
sa naissance à la mairie. Son père, Alfredo, était
né à Carpi et avait créé un atelier où
l'on construisait du matériel destiné aux chemins de fer;
il était passionné de musique et bon violoncelliste
amateur. Sa femme, Adalgisa Bisbini, venait de la campagne de Forli
et était, aux dires de son fils, «une belle femme ».
Deux fils naissent. Le premier se prénomme Alfredo, "Alfredino",
Dino, comme son père, ainsi que le voulait la tradition.
Une tradition qu'Enzo suivra plus tard.
Les deux frères ont deux ans de différence; leurs goûts
et leurs caractères sont très différents. Alfredo
aime l'école, Enzo la déteste. D'ailleurs il redouble
deux fois. Il préfère travailler, être journaliste
pour la Gazzetta dello Sport pour laquelle il écrit les premiers
compte-rendu depuis le stade de Modène, à 16 ans. La famille
Ferrari est une famille aisée, l'une des 27 familles de Modène
à posséder une voiture (la première est une De
Dion Bouton monocylindre de 1903), une famille qui va dîner au
restaurant en fin de semaine, qui va au théâtre, etc.
La première fois qu'Enzo Ferrari se rend sur un circuit, c'est
le 6 septembre 1908: il assiste à la Coppa Florio où il
est subjugué par Felice Nazzaro au volant d'une Fiat 130
HP.
Arrive la Grande Guerre qui marque un brusque revirement du destin pour
la famille Ferrari. Le père d'Enzo meurt en février 1915
d'une pneumonie. Alfredo, parti comme volontaire pour transporter
les blessés avec la Diatto Torpedo de son père, meurt
un an plus tard au sanatorium de Sortenna di Sondrio. Enzo est
engagé en 1917, affecté au ferrage des mulets. Mais il
contracte une pleurésie, on l'envoie à l'hôpital
à Brescia puis à Bologne. Il s'en sort, la guerre est
presque finie, mais le sort de la famille Ferrari a radicalement changé
et il doit trouver du travail. Il a en main une lettre de recommandation
pour Fiat, signée de la main de son colonel, il est titulaire
du permis numéro 1363 et il décide, malgré
sa mère, de partir pour Turin. Nous sommes en novembre 1918 et
les candidats sont nombreux, trop nombreux pour Fiat. Impossible
pour le moment de se faire embaucher: «En traversant le Parc du
Valentino, après avoir balayé la neige d'un revers de
main, je me suis laissé tomber sur un banc. J'étais
seul, mon père et mon frère étaient morts. Je me
sentais découragé et je fondis en larmes. Je revins m'asseoir
sur ce même banc, des années plus tard, en 1947, lorsque
Sommer remporta le Grand Prix de Turin, le premier d'après-guerre,
au volant de la Ferrari 12 cylindres. Ce jour-là, les larmes
avaient un autre goût ! »
Enzo Ferrari reste à Turin, il cherche un emploi et attend la
levée du décret interdisant la circulation des voitures
privées, ce qui arrive enfin le premier janvier 1919. L'industrie
automobile connaît instantanément un regain d'activité
et Enzo Ferrari est embauché par le garage Giovannoni, qui transforme
des camions Lancia en châssis destinés à la carosserie
Italo-Argentine de Milan. Ferrari voyage sans cesse entre ces deux
villes. À Milan, il fait la connaissance de Ugo Sivocci,
un jeune pilote, ancien cycliste. Grâce à lui, il est engagé
comme pilote d'essai par la CMN (Constructions Mécaniques Nationales)
avant Pâques 1919. Il s'installe en plein centre de Milan, corso
Vittorio Emanuel II, fréquente des pilotes et des constructeurs
et attend la reprise des compétitions automobiles. La première
compétition a lieu le 24 août au Danemark et elle
est remportée par un Italien, Ferdinando Minoia. Les compétitions
reprennent aussi en Italie : Ferrari vient d'acheter une CMN 15/20 et
s'inscrit à la course Parme-Poggio di Berceto qui doit se
dérouler le 5 octobre 1919. Il parvient à convaincre son
ami Nino Beretta d'être son coéquipier. Il part avec le
numéro 29, arrive quatrième de sa catégorie,
onzième de la course et recueille, tout au long de celle-ci,
«les restes des applaudissements d'un public qui avait ovationné
le grand Antonio Ascari », vainque absolu au volant de sa Fiat
Grand Prix 1914. Moyenne d'JI cari: 83,275 km/ho Presque sans s'en apercevoir,
Enzo Ferr est devenu pilote. Il n'a que 21 ans mais possède une
voitL et c'est l'un des véritables pionniers. Après la
course Parm Poggio di Berceto, il pense à prendre sa revanche,
à la Tar, Florio du 23 novembre. Une course dure, qui commence
, terme d'un voyage long et fatigant qu'il doit accomplir au v ,Iant
de sa CMN. Ce ne sera pas un triomphe, mais la long aventure de la course
automobile est désormais commencée.
Suite (Enzo
Ferrari pilote)